Evolution durant les 35 dernières années
L’épidémiologie des cancers, étude précise des facteurs influant sur la santé et les maladies des populations. Elle utilise un vocabulaire précis, qu’il est important de connaître pour comprendre les évolutions.
La différence entre incidence et mortalité
- L’incidence correspond au nombre de nouveaux cas de cancer diagnostiqués chaque année (le nombre de personnes qui tombent malade),
- La mortalité, quant à elle, rend compte du nombre de personnes qui meurent de leur cancer.
Comment comparer le risque de cancer entre deux pays ou deux périodes ?
On ne peut pas comparer directement le nombre de cancers dans deux pays et dire que le risque est plus grand dans le pays où il y en a le plus. En effet, si ce pays est plus peuplé, il est normal que l’on y trouve plus de malades.
La comparaison ne peut être faite que si l’on calcule un taux, c’est à dire un nombre de malades touchées ou de personnes décédés pour 100 000 habitants. Comme l’on sait aussi que le cancer est toujours plus fréquent chez les personnes les plus âgées, on calcule un taux standardisé mondial, qui correspond au taux que l’on observerait dans cette population si elle avait une répartition par âge semblable à celle de la moyenne mondiale.
L’évolution du cancer du sein en France
On observe une augmentation du nombre de cas de cancer du sein diagnostiqués chaque année en France. De moins de 20 000 cas en 1975, nous sommes passés à plus de 54 000 en 2015. Paradoxalement, alors que le nombre de cas augmente toujours car la population française augmente et vieilli régulièrement, le risque d’avoir un cancer du sein s’est stabilisé depuis 2004.
La mortalité est restée stable jusqu’aux alentours de 1995, malgré une forte augmentation de l’incidence durant cette période, qui diminue depuis. Là aussi, il existe une diminution du risque de décès, bien que le nombre de décès par cancer augmente légèrement.
La différence entre incidence et mortalité explique que le cancer du sein est un cancer de très bon pronostic. En effet, sa survie nette (probabilité de ne pas mourir de son cancer) est de 89 % à 5 ans pour les cancers diagnostiqués au début des années 2000. Elle s’est améliorée au cours du temps puisqu’elle n’était que de 81 % pour les cancers diagnostiqués vers 1990.
Grâce au dépistage et à l’amélioration de la prise en charge thérapeutique, le diagnostic du cancer du sein est réalisé à un stade de plus en plus précoce. Cela contribue donc à l’augmentation de la survie et ce, dans toutes les tranches d’âge.
Le cancer du sein : une maladie multifactorielle
On connaît un certain nombre de facteurs qui augmente le risque, même s’il existe encore aujourd’hui des incertitudes quant à l’importance et au poids de plusieurs de ces facteurs.
On distingue :
- les facteurs de risque externes, liés à l’environnement et aux modes et conditions de vie sur lesquels il est parfois possible d’agir,
- les facteurs de risque internes, c’est-à-dire constitutifs des individus (âge, sexe, histoire familiale, mutation génétique, contexte hormonal).
Dans le cas du cancer du sein, un certain nombre de facteurs de risque liés au mode de vie peuvent être évités, ou du moins réduits, mais ils ont comparativement peu d’influence sur le risque de tumeur mammaire lorsqu’on les compare aux facteurs constitutifs.
Contrairement aux cancers du poumon ou de la peau par exemple, dont on connaît la cause principale – le tabac et le soleil – et sur lesquelles on peut agir en modifiant ses habitudes, pour le cancer du sein certaines causes importantes – comme l’hérédité ou le profil hormonal – ne peuvent être influencées par un changement de comportement.
Dans ce contexte, des changements d’habitudes de vie sont évidemment recommandées (avoir une alimentation moins riche, éviter l’obésité, faire de l’exercice physique dans la vie quotidienne) notamment car ils ont aussi un effet positif sur la santé en général mais …
Le dépistage demeure le moyen d’agir le plus efficace en permettant de diagnostiquer la maladie plus tôt.
Propos recueillis en 2016 auprès du Docteur Pascale Grosclaude, Chef d’équipe à l’Inserm (U1027 – Épidémiologie et analyses en santé publique – Cancéropôle Grand Sud-Ouest – Toulouse).