[COMMUNIQUÉ DE PRESSE] : Nouveau dispositif de dépistage organisé des cancers

Europa Donna France, une des principales associations de patientes atteintes de cancer du sein, déplore la mise en place d’un nouveau dispositif de dépistage organisé des cancers, sans l’avis des citoyens et des patients.

Les Pouvoirs publics mettent en place, en ce début d’année 2024, un nouveau dispositif de dépistage organisé des cancers en le plaçant sous la responsabilité de la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM).

Ce changement considérable se fait sans l’implication des associations de patients, ce que Europa Donna France déplore.

Europa Donna France est l’une des principales associations de patientes atteintes de cancer du sein. Elle a notamment pour mission la promotion du dépistage organisé.

L’association s’étonne qu’un tel changement organisationnel du dépistage organisé ait été décidé et organisé sans concertation approfondie avec le mouvement associatif.
L’intérêt du dépistage organisé des cancers, et en particulier du cancer du sein, est majeur. Malheureusement, la population n’en bénéficie certainement pas assez.

Un cancer détecté précocement se guérit mieux avec des traitements moins lourds. Europa Donna France et son Conseil scientifique pensent, comme la plupart des experts, que le dépistage organisé est un enjeu de santé publique et constitue un acte de prévention utile.

La CNAM, responsable du dépistage

La CNAM a décidé de déployer, sous sa responsabilité et depuis ses bases de données, des invitations et relances au dépistage. Elle prétend aussi mettre en place des plateformes d’appels pour toucher des populations en situation de vulnérabilité. Ces actions s’inscrivent dans une forme de digitalisation de la programmation des dépistages.

De nombreuses questions se posent :

• Ce dispositif, en vigueur depuis un mois, n’est toujours pas l’objet d’informations vers les populations concernées. Les patientes ont pourtant le droit de savoir comment s’opèreront les invitations. Se feront-elles par SMS, mail ou courrier ?
• Les professionnels de santé font part de leur inquiétude quant à l’efficacité de ces nouveaux dispositifs qui éloignent les professionnels de terrain de leurs responsabilités. L’absence de suivi médical des résultats pourrait entrainer une perte de qualité du processus de dépistage.
• Le dépistage du cancer du sein concerne les femmes entre 50 et 74 ans. Certaines d’entre elles ne sont pas connectées. Comment les informer quand elles n’ont pas accès au numérique ? Nos bénévoles savent que les appels téléphoniques aux organismes de sécurité sociale sont le plus souvent laissés sans réponse.
• Les femmes auront-elles un accès aux radiologues dans les territoires où existe un manque de médecins ? En cas de détection d’une anomalie, y aura-t-il une deuxième lecture comme auparavant ?
• Que vont devenir les comités régionaux de dépistage (CRDC) qui menaient, avec les associations de patientes, des actions promouvant le dépistage, particulièrement pendant Octobre Rose ?

Ces questions restent sans réponse pour l’instant et nous regrettons que ni l’Institut national du Cancer (INCa), ni la CNAM ne nous aient impliquées dans cette remise en cause du fonctionnement des Comités régionaux de dépistages.

Ce mépris de la démocratie sanitaire est coupable, car il implique des centaines de milliers de citoyennes qui demandent d’avoir un accès à une meilleure prise en charge de leur santé par le dépistage organisé.

Nous souhaitons obtenir des explications et des réponses dans les meilleurs délais et nous allons saisir la Ministre en charge de la santé.

Natacha Espié
Présidente de Europa Donna France