Dans quels cas le cancer du sein chez l'homme se développe-t-il ?
Il apparaît beaucoup plus fréquemment que chez la femme dans un contexte génétique particulier : antécédents familiaux de cancers du sein, mutation génétique BRCA2, syndrome de Klinefelter (homme ayant une formule chromosomique 36XXY au lieu de 36XY), origine juive et également population d’Afrique du nord et équatoriale.
À un moindre degré, le déséquilibre hormonal entre oestrogènes et testostérone semble aussi être un facteur favorisant mais non déterminant (exposition aux perturbateurs endocriniens et aux hautes températures industrielles, atteintes infectieuses testiculaires, intoxication alcoolique, obésité).
Il se présente comme un nodule induré, non douloureux que le patient a perçu sous l’une de ses aréoles mammaires.
Les cancers canalaires infiltrants représentent 85-90% des lésions. Les autres formes histologiques sont rares.
Quels sont les traitements contre le cancer du sein chez l'homme ?
Le traitement de base est la mastectomie avec curage axillaire. Le prélèvement du ganglion sentinelle peut être proposé pour certaines lésions de petite taille.
La radiothérapie complémentaire est le plus souvent indiquée en raison de la taille de la lésion par rapport à la petite taille du sein et de l’envahissement ganglionnaire axillaire fréquent.
Les récepteurs hormonaux sont très souvent fortement positifs ; le Tamoxifène reste le traitement adjuvant de référence. Les anti-aromatases sont en cours d’évaluation.
La chimiothérapie est indiquée chez les patients plus jeunes avec envahissement ganglionnaire.
À stade égal, le pronostic est globalement semblable à celui de la femme, mais compte tenu d’un âge de survenue plus élevé, des comorbidités et d’éventuels autres cancers, l’espoir de survie globale est moins bon chez l’homme.
Cancer du sein chez les hommes : libérons la parole !
Un entretien vidéo avec le Dr Marc Espié, oncologue, spécialiste des cancers du sein et Nordhin Boudjelal, patient atteint d’un cancer du sein.
Beaucoup de préjugés circulent sur cette maladie encore très taboue. Il existe d’abord une difficulté pour les hommes d’admettre qu’ils ont des seins, puis que le cancer du sein soit une réalité.
Sidération, surprise, remise en question du diagnostic. Même dans le corps médical, il est encore difficile d’en parler. Et cette ignorance sur le sein au masculin complique la vie du patient.
Pour Nordhin Baudjelal, après des années de recherche pour poser un diagnostic, les médecins ont enfin conclu à un cancer du sein, lorsqu’il subit une réduction mammaire. Selon son expérience, le fait de ne pas ressentir de douleur, est un frein à la consultation et au retard de diagnostic.
Sur les 60 000 cas de cancers chaque année, 1 % sont des cancers du sein concerne les hommes soit à peu près 1000 cas chaque année. Le cancer du sein chez l’homme se déclare plus tard que chez les femmes. On compte à peu près 5 ans de décalage, 63 ans pour les femmes et 68 ans pour les hommes
Pour Nordhin Baudjelal, l’annonce du diagnostic c’est le soulagement car après des années à ne pas mettre de nom sur sa maladie, il peut mieux l’appréhender et répondre aux nombreuses questions que posait ce sein qui poussait. Le diagnostic fait peur car un cancer du sein fait toujours peur.
Selon le Dr Marc Espié, les facteurs de risque de ces cancers ne sont pas très connus de manière générale, malgré tout on en connaît quelques-uns :
- les facteurs héréditaires
- les antécédents familiaux favorisent la mutation des gènes
- les maladies particulières comme la maladie de Klinefelter
- l’excès d’œstrogènes
- l’obésité
Toute modification de l’aspect du sein doit interroger : rides, boules, grosseurs ou encore écoulement sont anormaux.
De manière générale, toutes modifications observées sur le sein ou sur le mamelon sont des signes à prendre en compte.
Beaucoup de surprise, le sein est encore trop assimilé à la femme et le cancer du sein aussi. Certaines vont même jusqu’à remettre en question l’avis du médecin et répondent que c’est une erreur de diagnostic avant d’admettre la véritable pathologie. Pour le reste de la population, personnel médical inclus, c’est encore considéré comme un tabou.
Pour les hommes, l’enjeu est d’accepter l’idée d’avoir un sein puis s’en préoccuper le plus tôt possible car le risque chez l’homme est d’attendre trop longtemps. Ne pas hésiter à voir son médecin, quel que soit le problème.
Vidéo réalisée avec le soutien institutionnel d’Accuray